Fédération des Associations de personnes handicapées par des épilepsies sévères

Une prise de sang sans prise de tête

Géraldine
Lyon

Ça ne fait pas mal.

Géraldine est une petite fille avec une épilepsie rebelle et un traitement qui oblige à de fréquentes prises de sang de contrôle. C’est une habituée du labo à côté de chez elle. Ils ont les aiguilles adaptées à ses petites veines d’enfant, piquent rapidement et en douceur. Le petit pansement compressif est son trophée, qu’elle retire avec regret le soir de la piqûre.

Une piqûre dans un autre labo un jour. Grimace du praticien, essai dans le creux du coude avec une aiguille pour adultes, garrot élastique qui gêne l’enfant, …. Raté, il s’adapte de mauvais grâce, recherche une aiguille fine, pique sur le bras comme lui suggère la maman.

Et au passage, il rate sa communication avec l’enfant :
Ça ne fait pas mal. (tu sais toi, comment ça me fait mal ?)
– …
C’est fini. (alors on s’en va – Ah non, faut rester encore sans bouger… Alors c’est pas fini…qu’est-ce que tu me dis ?…).
Et voilà comment « en creux », la maman réalise soudain que le labo ordinaire de son quartier est en fait « extraordinaire »… Il adapte sa pratique et pique une enfant qui s’appelle Géraldine, pas le 10ème bras de la journée…

Un jour les petits frères veulent savoir. C’est trop fréquent pour que cela ne soit pas à connaitre. Ils décident d’accompagner Géraldine dans cet extraordinaire labo ordinaire, demandent à la dame s’ils peuvent voir, s’asseyent de chaque côté de leur sœur, observent les gestes, l’aiguille qui rentre dans la veine, prélève le sang et ressort en faisant perler une petite goutte. Tout est tranquille, ils ont vu, ils savent. Pas de commentaire.

Quinze ans plus tard, adultes, ils sont donneurs de sang réguliers.